Nous avons recueilli les réflexions de deux de nos partenaires Cybelle Stefani-Rosé, directrice générale de Les Béquilles du cognitif, une entreprise de l’économie sociale et solidaire (ESS) qui conçoit des solutions numériques telles qu’AMI (Assistant Mémoriel Interactif), dédiées aux personnes atteintes de fragilités et à leurs accompagnants, et de Jean-Marc Aussibal, directeur Général chez Tutélaire, une mutuelle engagée proposant des offres de prévoyance pour la gestion des risques de dépendance.

Ensemble, ils partagent leurs expériences, tant professionnelles que personnelles, offrant ainsi des éclairages sur la réalité du maintien à domicile.

Le maintien à domicile : entre réalité et défis quotidiens

Le maintien à domicile s’impose comme une préoccupation majeure à mesure que la population vieillit en France, particulièrement lorsque l’on considère qu’en 2050, un Français sur trois aura dépassé les 60 ans.

« L’enjeu n’est pas de prolonger la vie le plus possible, étant donné que nous avons significativement étendu l’espérance de vie, mais plutôt de bien vieillir », insiste Jean-Marc Aussibal.

Actuellement, 85 % des personnes expriment le souhait de rester chez elles plutôt que de recourir à des établissements de soins. Ce qui est rendu possible grâce à leurs aidants.

Qui sont les aidants ?

L’élément essentiel du maintien à domicile réside dans l’implication d’aidants dévoués, qu’ils soient membres de la famille, amis ou professionnels.

Les aidants représentent 11 millions de personnes le plus souvent âgées entre 55 et 64 ans. Selon la Drees, ce sont principalement des femmes actives (56 %) qui jonglent quotidiennement entre de multiples responsabilités, conciliant travail, vie personnelle et coordination des aspects cruciaux du maintien à domicile tels que les soins, la vie quotidienne, les repas et le soutien moral.

Un équilibre délicat qui se révèle chronophage, exigeant et continu.

L’isolement des aidés et des aidants

Quand on aborde le maintien à domicile, on évoque également le sacrifice de l’aidant et la souffrance de l’aidé. Les aidés, souvent confinés chez eux, ressentent une solitude préoccupante. La diminution des interactions sociales peut entraîner une dépression et d’autres problèmes de santé mentale.

Cybelle Stefani-Rosé, directrice générale des Béquilles du cognitif, souligne que « 7 appels sur 10 aux services de télésurveillance ou de téléassistance sont des besoins de contact ! Mais comme leur nom l’indique, ce sont des services dédiés à l’urgence uniquement. Ces services ne permettent pas non plus de faire le lien entre les proches dépendants et leur entourage.»

Cependant, leur isolement n’est pas le seul qui soit préoccupant ; celui des aidants enregistre également une croissance vertigineuse de + 122% en quatre ans de 2017 à 2021, témoignant des pressions psychologiques et émotionnelles qu’ils endurent.

Être aidant tout en travaillant, une mission impossible

Environ la moitié des aidants risque la désinsertion professionnelle. Les conséquences sont alors lourdes sur le salaire, et le retour à l’emploi devient compliqué.

« Prenons quelqu’un qui travaille et qui doit s’occuper de sa mère, une situation qui concerne beaucoup d’entre nous. La personne va s’inquiéter si elle téléphone et qu’elle n’a pas de réponse. Bien souvent, on va tout lâcher, voir son manager, et lui dire ‘Là, il faut que je rentre’ », partage Cybelle Stefani-Rosé.

En général, un aidant a plus de 45 minutes de trajet pour aller s’occuper de son proche. Que ce soit en région ou en zone rurale, cette durée s’allonge. Lorsque les proches ont la possibilité de travailler, cela les contraint souvent à abandonner leurs responsabilités pour vérifier que la personne assistée va bien.

La santé de l’aidant est aussi en jeu

Un tiers des aidants déclare que cela a un impact sur sa santé. « Quand on prend des rendez-vous médicaux pour ses proches, on coordonne le quotidien, mais on s’oublie. Car notre proche est celui qui a besoin d’aide. Les secondes victimes sont les aidants » témoigne Jean-Marc Aussibal.

« Un tiers des aidants qui accompagne un proche atteint d’une maladie neurodégénérative comme la maladie d’Alzheimer décède avant lui », complète Cybelle Stefani-Rosé.

Les deux risques majeurs du maintien à domicile

La chute est l’un des risques majeurs du maintien à domicile, avec entre 20 et 30 % de risques de décès dans les six mois qui suivent. Cette réalité génère du stress, incitant de nombreux aidants à rester présents en permanence auprès de l’aidé.

Un autre défi, souvent sous-estimé : la gestion régulière des médicaments. Les rappels traditionnels, tels que les Post-it, ne sont plus suffisants. Sur dix médicaments prescrits, seuls quatre sont pris correctement.

Que faire quand on constate une perte d’autonomie ?

Quand on commence à aider un proche à domicile, c’est que la perte d’autonomie a commencé.

On anticipe très peu et tous les problèmes surviennent souvent en même temps. « Il faut admettre que c’est inéluctable, qu’il faut prendre des mesures et qu’il faut se faire accompagner le plus tôt possible. C’est une décision difficile à prendre car il faut poser des constats. Mais c’est important pour bien vieillir chez soi et ne pas subir la situation », appuie Jean-Marc Aussibal.

On sait que, plus tôt les dispositifs sont posés, plus longue sera l’espérance de vie. Pour cela, il faut pouvoir graduer la perte d’autonomie et mettre en place des solutions rapidement.

Pour savoir à quel stade se trouve votre proche, vous pouvez consulter la grille AGGIR (Autonomie Gérontologique et Groupe Iso Ressources)

Mettre en place des solutions rapidement

Une situation d’aidance peut durer plus de 20 ans.

Il est important d’adapter le domicile le plus tôt possible pour le rendre plus sûr. Des rampes, des barres d’appui ou des tapis antidérapants réduisent les risques de chute et d’accident domestique. La mise en place de services de soins à domicile offre une assistance médicale et sociale aux personnes âgées.

Cela peut inclure des visites régulières d’infirmières, de physiothérapeutes et d’aidants. La mise en place de programmes sociaux locaux (clubs, ateliers et des événements communautaires) peuvent stimuler le bien-être mental. Des innovations technologiques existent également pour soulager certains aspects du quotidien de l’aidant et de l’aidé.

Mutami vous accompagne tout au long de votre vie, y compris lors de la perte d’autonomie. Nous proposons des solutions qui offrent un soutien adapté à vos besoins.

Pour en savoir plus