Les alertes quant à la nocivité des pesticides et à leur utilisation à grande échelle se font de plus en plus pressantes. Dans cet article, nous dressons un état des lieux de leur utilisation en France. Face à un possible désastre sanitaire, Mutami prend des initiatives urgentes pour sensibiliser aussi bien les décideurs publics que les consommateurs.

Plus de 60 000 tonnes de pesticides sont déversées chaque année en France.

Qu’ils flottent dans l’air, imprègnent la terre, se mêlent à l’eau ou s’infiltrent dans nos assiettes et nos corps, c’est un scandale de santé publique qui éclate aujourd’hui.

Les pesticides représentent un défi de taille. Bien que ce problème ne soit pas nouveau, les politiques et les industriels ont de plus en plus de mal à dissimuler les multiples controverses engendrées par leur utilisation excessive aux yeux du grand public.

 

Pourtant, malgré les constats alarmants et les nombreuses alertes émises par les scientifiques, l’utilisation des pesticides continue de grimper en France. En 2021 par exemple, la vente de pesticides en France a augmenté de 12 % par rapport à 2009 alors que l’objectif initial du plan Ecophyto était de réduire de 50 % l’usage des pesticides.

 

Pour commencer, qu’est-ce qu’un pesticide ?

Il s’agit de substances, principalement chimiques, employées pour éliminer ou neutraliser les espèces végétales indésirables ainsi que les organismes jugés nuisibles. Ces produits sont largement répandus dans l’agriculture conventionnelle afin de maximiser les rendements et de permettre une exploitation plus intensive des terres.

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Les effets néfastes des pesticides en 2 points

  1. Sur notre santé

Des études de l’Inserm ont établi des liens entre l’exposition aux pesticides et une vingtaine de pathologies. On retrouve notamment des corrélations avec :

  • les troubles du développement neuropsychologique et moteur de l’enfant (autisme, déficit du langage) ;
  • les troubles cognitifs et anxio-dépressifs de l’adulte ;
  • les maladies neurodégénératives ;
  • Les cancers de l’enfant, tels que les leucémies et les tumeurs cérébrales, ainsi que les cancers de l’adulte, tels que les lymphomes, le cancer de la prostate, des ovaires et des poumons (en savoir plus) ;
  • l’endométriose ;
  • ainsi que les pathologies respiratoires et thyroïdiennes.

Les agriculteurs sont les premières victimes de cette exposition dans le cadre professionnel. Mal informés et équipés, ils sont en première ligne.

Ce n’est qu’en 2020 que l’État crée un fonds d’indemnisation des victimes de pesticides pour « garantir la réparation des dommages subis lors d’une exposition professionnelle ».

Deux ans plus tard, un rapport de ce fonds d’indemnisation fait état d’un doublement, en un an, du nombre de demandes d’indemnisation pour maladie après exposition professionnelle aux pesticides.

Aujourd’hui encore, ce sont aux personnes malades de faire le lien entre leur pathologie et leur exposition aux pesticides. Malgré les nombreux rapports alarmants, les institutions et les entreprises ne prennent pas leurs responsabilités.

 

  1. Sur la biodiversité et les écosystèmes

Les pesticides entraînent également une détérioration de notre environnement, contaminant les sols, les cours d’eau et les nappes phréatiques. Ils ont un réel impact négatif sur les populations d’insectes, comme les abeilles, indispensables à la pollinisation des cultures.

 

Face aux pesticides, la nature résiste !

L’utilisation excessive et répétée des pesticides engendre l’apparition de résistances chez les organismes nuisibles visés. Avec le temps, les pesticides deviennent moins efficaces, ce qui contraint à utiliser des quantités toujours plus importantes de produits chimiques, voire à recourir à des pesticides plus puissants. Cette dynamique crée un cercle vicieux qui aggrave considérablement les problèmes environnementaux et sanitaires.

La France accro aux pesticides

La France, l’un des plus grands consommateurs de pesticides

Chaque année, la France produit en moyenne 75 000 tonnes de pesticides et en utilise 65 000. Cela équivaut à environ un tiers de la consommation totale de pesticides en Europe. Sur le podium européen des producteurs de pesticides, la France occupe ainsi la deuxième place. Elle figure également parmi les principaux consommateurs de pesticides dans le monde. Notons que plus de 90 % de ces produits sont destinés à une utilisation agricole.

 

Pourtant, depuis 14 ans, la France promet de réduire drastiquement sa consommation de pesticides avec des plans « Ecophyto ». Les échecs successifs et les dernières annonces n’ont fait que confirmer que le pays n’est pas prêt au changement. En effet, début février 2024, le Premier ministre a annoncé « mettre en pause » le plan Ecophyto. Résultat ? Aucun pesticide ne pourra désormais être interdit en France avant que sa substance active ne le soit dans toute l’Europe.

 

La recherche du profit des entreprises agrochimiques au détriment de la santé

Les entreprises agrochimiques exercent une influence considérable sur les pratiques agricoles, ainsi que sur la réglementation et la recherche. Leurs actions ont souvent été critiquées car elles limitent les mesures de contrôle et de régulation.

En effet, elles exploitent la stratégie du doute et du manque d’information pour continuer à commercialiser des produits nocifs et toxiques comme le glyphosate par exemple dont l’autorisation vient d’être prolongée de 10 ans par l’Union Européenne.

 

En 2023, deux chercheurs suédois ont mis en lumière, dans la revue « Environmental Health », les manipulations des géants de l’agrochimie pour faire autoriser leurs pesticides en Europe, en dépit de leur toxicité.

Elles profitent de l’opacité qui entoure les pesticides pour maximiser leurs profits, favorisant une utilisation excessive au détriment de la santé humaine et de l’environnement.

Partant de ce constat, il n’appartient ni à la population, ni aux mutuelles, ni à la Sécurité sociale de supporter les conséquences des actions des industriels ! C’est pourquoi, plusieurs mutuelles se sont unies pour dénoncer ce scandale sanitaire et faire entendre leur voix auprès des politiques et de la population.

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L’engagement de Mutami contre les pesticides

Mutami, et les mutuelles en général, est engagée depuis toujours dans la lutte contre les crises sanitaires et la protection de la santé publique. La prévention fait partie intégrante de nos missions auprès des citoyens. Nous existons également pour prévenir et alerter lorsque d’autres ne le font pas.

 

Nous avons tiré la sonnette d’alarme une première fois en signant une tribune dans Le journal Le Monde, intitulée « Pesticides : Tirons du drame de l’amiante des leçons pour l’avenir » . Trente-neuf responsables de mutuelles, représentant plus de six millions de personnes protégées, se sont joints à nous. L’idée défendu est ne pas reproduire les erreurs ayant causé la mort de plus de 100 000 personnes intoxiquées hier par l’amiante alors que de nombreuses études avaient prévenus des risques.

 

Ensuite, nous sommes allés plus loin en organisant un colloque au Sénat le 5 février, en collaboration avec sept autres mutuelles. Mutuelles, associations, politiques, scientifiques, chercheurs et victimes de l’amiante et des pesticides ont dressé le bilan afin d’alerter, avec des arguments forts, les pouvoirs publics et la société civile.

 

Un appel au Premier ministre !

Au lendemain du 5 février, nous avons signé une lettre commune adressée au Premier ministre, Gabriel Attal.

Dans cette lettre, nous soulignons que les mutuelles représentent plus de trois millions de Français et demandons expressément aux pouvoirs publics de mettre fin à l’utilisation de ces pesticides toxiques.

Cette implication marque une étape significative dans l’engagement des mutuelles à promouvoir une amélioration de la santé pour tous et à construire un avenir durable et solidaire.

Un nouveau colloque est prévu le 11 avril au Parlement européen. Cette fois-ci, nous espérons sensibiliser au niveau européen et influencer les politiques en France en nous unissant avec d’autres acteurs européens.