Engagés dans la lutte contre les injustices sociales et en faveur de l’égalité des genres, nous dressons un constat sans détour des défis persistants qui entravent encore la réalisation d’une véritable parité, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. C’est dans cet esprit que nous souhaitons partager avec vous notre initiative concrète pour combattre la précarité menstruelle, un sujet souvent relégué dans l’ombre des tabous à briser.

Le 8 mars, une date clé

Le 8 mars marque la journée internationale pour les droits des femmes. Une journée pas comme les autres car elle dresse un bilan de la place des femmes dans la société actuelle. Elle encourage les gouvernements, les organisations internationales, la société civile et les individus à prendre conscience des situations et à mettre en place des mesures concrètes pour les droits de femmes, l’égalité et la justice.

Chaque année, ce jour est marqué par un thème spécifique qui guide les actions et les discussions. En 2024, le thème est « Ensemble pour l’égalité, la justice et l’inclusion », rappelant l’importance de travailler main dans la main pour construire un monde plus juste et équitable pour toutes et tous.

 

Le 8 mars n’est pas une fête mais une journée de lutte et de revendication !

Alors que certains peuvent voir cette date comme une simple commémoration, elle revêt en réalité une importance primordiale. C’est un appel à la mobilisation et à la grève féministe (grève du travail, des tâches domestiques et de la consommation). Les femmes de tous horizons se rassemblent pour partager leurs expériences et exprimer leur solidarité envers celles qui ne peuvent pas se faire entendre. Elles unissent leurs voix afin de faire bouger les lignes.

Les progrès réalisés sont mis en lumière mais le constat est sans appel. Les évolutions sont trop lentes et sur le chemin vers une véritable égalité se dresse encore de nombreux obstacles.

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Les droits de femmes sont encore bafoués en France

Nous parlons ici des droits humains fondamentaux, qui constituent les piliers de toute vie humaine. Ils doivent être respectés pour tous, indépendamment du genre. Ces droits incluent le droit de vivre libre de toute violence et discrimination, le droit à une santé physique et mentale optimale, le droit à l’éducation, à la propriété, au vote, ainsi que le droit à une rémunération équitable.

  • En France, nous sommes encore loin de garantir l’ensemble de ces droits. Les femmes gagnent en moyenne 15 % de moins que les hommes par exemple.

Alors comment notre société peut-elle revendiquer la liberté et l’égalité alors que la moitié de la population ne bénéficient pas de ces principes ?

Quels sont les défis actuels des femmes dans notre société ?

Les stéréotypes de genre persistent encore, les écarts salariaux, les disparités dans les opportunités professionnelles et la précarité économique, les violences continuent d’affecter quotidiennement les femmes.

Par exemple, saviez-vous que :

·        20 % des femmes inactives le sont en raison des « obligations familiales », soit quatre fois plus que la proportion d’hommes inactifs pour ces mêmes raisons ;

·        elles touchent en moyenne 40 % de moins que les hommes en termes de pension de retraite ;

·        en moyenne, elles partent à la retraite 7 mois plus tard que les hommes ;

·        elles représentent 81 % des décès au sein du couple.

En France, un recul des mentalités inquiétant

Le Haut Conseil à l’Égalité (HCE) exprime sa préoccupation face à un recul dans les progrès féministes, signalant une résurgence des mentalités conservatrices ou rétrogrades. En effet, un nombre croissant d’hommes, perçoivent le féminisme comme une menace à leur position sociale.

« Cette mentalité s’étend à travers toutes les générations, y compris chez les jeunes hommes de 25 à 34 ans. Parmi eux, 52 % se sentent injustement ciblés et 59 % croient qu’il est désormais difficile de faire la cour à une femme sans être perçu comme sexiste » (Rapport annuel 2024 sur l’état du sexisme en France, Haut Conseil à l’Égalité)

Le rapport du HCE annonce que près de neuf femmes sur dix rapportent avoir été victimes de sexisme à titre personnel. 80 % estiment être moins bien traitées que les hommes en raison de leur sexe et 37 % disent avoir déjà subi des rapports sexuels non consentis.

 

De plus, en 2023, environ un quart des hommes âgés de 25 à 34 ans estime qu’il est parfois nécessaire d’utiliser la violence pour obtenir le respect, tandis que 40 % de la population, toutes tranches d’âge confondues, considèrent comme normal que les femmes interrompent leur carrière professionnelle pour s’occuper de leurs enfants.

Pour aller plus loin, savez-vous comment cette journée a vu le jour ?

Tout a commencé au début du XXe siècle, lorsque des femmes se sont mobilisées aux États-Unis et en Europe pour réclamer de meilleures conditions de travail et le droit de vote. En 1910, la féministe allemande Clara Zetkin a proposé l’idée d’une journée internationale dédiée aux femmes, ralliant des centaines de femmes de 17 pays autour de cette cause. Sept ans plus tard, en 1917, des ouvrières de Saint-Pétersbourg ont entamé une grève le 8 mars, marquant ainsi le début de la révolution russe.

En France, la Journée Internationale des Femmes est devenue une tradition après la Seconde Guerre mondiale. Le mouvement « Femmes Solidaires », issu de l’Union des Femmes Françaises (UFF), a joué un rôle important dans sa promotion. Ce n’est cependant qu’en 1982, sous l’impulsion d’Yvette Roudy, ministre déléguée aux droits des femmes, que la France a officiellement reconnu le 8 mars comme la Journée Internationale des Droits des Femmes.

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Mutami s’engage auprès des femmes !

Lorsque des étudiantes du Tarn nous ont alertés sur le manque de protections menstruelles dans les distributeurs dans leur faculté à Albi, nous avons décidé d’agir à leurs côtés. Le 5 mars, nous occupons leur campus pour distribuer gratuitement des protections hygiéniques.

1/3 des étudiantes sou­ffrent de précarité menstruelle

Depuis 2019, le sujet de la précarité menstruelle n’est plus un sujet tabou grâce à de nombreux acteurs engagés tels que l’association Règles élémentaires et des parlementaires comme Laëtitia Romeiro Dias, Bénédicte Taurine ou encore Patricia Schillinger.

Aujourd’hui, cette précarité touche environ 1,7 million de femmes en France, dont de nombreuses étudiantes.

 

Une enquête de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) révèle qu’un tiers des étudiantes déclarent avoir besoin d’une aide financière pour s’en procurer, ce qui impacte également leur scolarité (enquête réalisée en février 2021 auprès des étudiantes et des minorités de genre menstruées telles que les personnes non-binaires ou les hommes transgenres).

Depuis que le sujet est révélé, il est devenu un enjeu de santé, de solidarité et d’égalité des chances !

C’est pourquoi, des distributeurs de protections hygiéniques ont été déployés en France pour soutenir les étudiantes. Cependant, il est regrettable de constater que ces distributeurs, comme le rapportent les étudiantes de la faculté d’Albi par exemple, sont souvent insuffisamment approvisionnés, voire totalement vides.

Ce qui doit changer en 2024

  • Pour répondre à l’urgence, une mise en place de distributeurs dans l’ensemble des résidences universitaires, des restaurants universitaires et des Service de santé universitaire (SSU) sera effective à la rentrée prochaine.
  • Le remboursement des protections périodiques réutilisables pour les femmes de 25 ans et moins (article 40 de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024).

 

En complément, le Gouvernement annonce aider les collectivités et les établissements à installer des distributeurs de protections périodiques et doublera les crédits aux associations d’ici 2027 pour qu’elles puissent acheter et distribuer 30 à 40 % de protections périodiques réutilisables aux femmes en précarité. Reste à savoir si ces engagements seront tenus.